Pyélonéphrite
Conseil médical validé par:
Dr. Laura Borgel
La pyélonéphrite est une infection rénale qui se produit généralement lorsque des bactéries remontent de la vessie vers les reins. Elle se caractérise par des douleurs lombaires, de la fièvre, des frissons, des nausées et des mictions fréquentes et douloureuses. Un traitement médical, comme des antibiotiques, est essentiel pour traiter la pyélonéphrite et prévenir les complications.
Qu'est qu'une pyélonéphrite ?
Une pyélonéphrite, également appelée infection urinaire haute, est une infection bactérienne qui touche les reins et les uretères (canaux qui conduisent l’urine du rein vers la vessie). La plupart du temps, elle fait suite à une cystite aiguë (infection urinaire basse) et se localise habituellement au niveau d’un seul rein et de son uretère correspondant.
La pyélonéphrite est plus fréquente chez la femme, et elle est généralement rare chez les hommes qui n’ont aucune anomalie de l’appareil urinaire.
Le diagnostic de pyélonéphrite doit être confirmé par un examen cytobactériologique des urines (ECBU) qui permet d’identifier la bactérie responsable de l’infection et de tester sa sensibilité aux antibiotiques afin de trouver le traitement adapté. Si nécessaire une prise de sang, une échographie rénale ou un uroscanner pourront être demandés.
C’est une infection grave qui nécessite une prise en charge et un traitement rapide afin d’éviter les complications et de préserver la fonction rénale.
Quelles sont les causes des pyélonéphrites ?
La bactérie la plus fréquemment responsable de cystite aiguë et de pyélonéphrite est Escherichia coli. Elle est responsable de 75 à 95% des cas d’infection de l'appareil urinaire.
Les autres bactéries pouvant être en causes sont : Klebsiella, Proteus mirabilis, Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus saprophyticus, Enterococcus faecalis ou encore Streptococcus agalactiae.
Dans la grande majorité des cas, une pyélonéphrite est due à une ascension de ces bactéries par les voies urinaires jusqu’au rein.
Cette ascension peut avoir de multiples causes :
infection urinaire basse (cystite aiguë) ;
malformation et/ou obstruction des voies urinaires (sténose, calculs, cancers, vessie neurologique, reflux vésico-urétéral) ;
Lorsqu’elle n’est pas causée par une ascension bactérienne, la pyélonéphrite est causée par une dissémination hématogène c’est à dire par le sang (Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus aureus, Salmonella spp, Candida spp.)
Quels sont les facteurs favorisants ?
Le risque d’ascension bactérienne est augmentée de façon importante dans certaines situations qui sont donc des facteurs pouvant favoriser la survenue d’une pyélonéphrite :
la grossesse ;
une obstruction ou des malformations de l’appareil urinaire ;
des toxines liées à certaines bactéries ;
toute maladie, lésion ou infection pouvant favoriser le passages de germes au niveau des voies urinaires chez la femme notamment comme la constipation chronique ou encore une infection de la zone génito-anale ;
les rapports sexuels pouvant également favoriser généralement chez la femme le passage des germes au niveau des voies urinaires (à noter que l’infection urinaire ou la pyélonéphrite n’est pas une infection sexuellement transmissible).
Quels sont les symptômes de la pyélonéphrite ?
En cas de pyélonéphrite les symptômes peuvent au départ être les mêmes que la cystite aiguë notamment :
brûlures urinaires ;
envie fréquente d’uriner (pollakiurie) ;
diffiultés à évacuer l’urine (dysurie) ;
présence de sang dans les urines (hématurie).
Cependant ces signes peuvent être discrets voir ne pas être ressentis.
Les symptômes spécifiques de la pyélonéphrites vont ensuite s’installer, souvent brutalement :
fièvre supérieure à 38.5°C, frissons ;
fatigue ou sensation de malaise général ;
douleur lombaire ou du flanc habituellement d’un seul côté, et pouvant irradier sous les côtes, dans l’abdomen ou vers le pubis et les organes génitaux.
troubles digestifs comme des nausées, vomissements, diarrhées, ballonnements.
En cas de symptômes évoquant une pyélonéphrite aiguë, il est nécessaire de consulter rapidement votre médecin.
Il est important de noter que les symptômes peuvent ne pas être tous présents, ni présents en même temps, il est donc important d’être vigilant.
Quelles sont les complications possibles ?
La pyélonéphrite est une infection grave nécessitant une prise en charge rapide. Lorsqu’elle est prise en charge et traitée dans les temps, l’évolution est le plus souvent favorable et sans séquelles.
Les complications possibles de la pyélonéphrite sont principalement le risque de dissémination de l’infection à l’ensemble de l’organisme (septicémie) ou le risque d’abcès. Ces complications peuvent entraîner des séquelles graves voir le décès.
En présence de signes de gravité, une hospitalisation en urgence devra être réalisée :
troubles de conscience ;
faiblesse extreme ;
troubles respiratoires ;
peau marbrée, pâleur ;
altération de l’état général ;
fièvre ou frissons persistent malgré le traitement.
Certaines populations ont un risque plus important de complications en cas de survenue d’une pyélonéphrite aiguë :
toute personne présentant des anomalies des voies urinaires ou ayant subi récemment une intervention sur l’appareil urinaire (chirurgicale, sondage,...) ;
les hommes (risque d’infection de la prostate (prostatite) associée) ;
les femmes enceintes ;
les personnes âgées ;
les personnes immunodéprimées (cancer, VIH, greffés (notamment greffe rénale), traitement immunosuppresseur, …) ;
les personnes ayant une maladie rénale chronique avec insuffisance rénale associée.
Il est à noter qu’une pyélonéphrite chez une personne ayant un rein unique fonctionnel est une urgence absolue.
La pyélonéphrite chez le bébé
Chez le grand enfant, les symptômes sont généralement identiques à ceux de l’adulte.
Cependant chez le bébé ou l’enfant en bas âge, il faut être vigilant car les symptômes peuvent être trompeurs et difficiles à reconnaître.
Vous devez consulter un médecin rapidement si votre enfant présente :
une fièvre inexpliquée ;
des pleurs ou autres signes de douleurs ou d’inconfort en urinant ;
des urines urines de couleur inhabituelle ou malodorantes ;
la présence de sang dans les urines ;
des douleurs abdominales, des vomissements ou des diarrhées ;
une perte d’appétit, une difficulté à donner le biberon ou un refus de manger ;
un changement d’humeur ou de comportement, une irritabilité ou des geignements ;
une fatigue inhabituelle ;
une perte de poids.
En cas de doute, parlez-en au plus vite à votre médecin.
La pyélonéphrite chez la femme enceinte
La grossesse est un facteur favorisant la survenue d’une pyélonéphrite. En effet durant cette période, le risque d’ascension des bactéries dans les voies urinaires est augmenté de façon importante du fait des spécificités anatomiques et hormonales liées à la grossesse.
De plus, environ 6% des femmes enceintes présentent des bactéries dans leurs urines sans le savoir et en n’ayant aucun symptômes.
Pour toutes ses raisons, un examen des urines est normalement effectué à chaque consultation de suivi de grossesse. Cet examen peut se réaliser grâce à des bandelettes urinaires à la recherche notamment de nitrites et de leucocytes présents lors d’une infection urinaire ou d’une pyélonéphrite. Si la bandelette urinaire retrouve une infection, ou au moindre doute un examen cytobactériologique des urines (ECBU) sera alors demandé.
La gravité de la pyélonéphrite au cours d’une grossesse est due au risque d’infection grave et de complication pour la mère, au risque de transmission des germes à l’enfant lors de l’accouchement, ainsi qu’au risque d’accouchement prématuré.
La pyélonéphrite chez la personne âgée
Tout comme chez l’enfant en bas âge, les symptômes d’une pyélonéphrite chez une personne âgée sont souvent différents et trompeurs. C’est le cas principalement chez :
les personnes de plus de 75 ans ;
les personnes de plus de 65 ans présentant au moins 3 critères de fragilités parmis les suivants :
perte de poids involontaire au cours de la dernière année ;
vitesse de marche lente ;
faible endurance ;
faiblesse ou fatigue ;
activité physique réduite.
On observe généralement une altération brutale de l’état général de la personne sans explication évidente. Il existe souvent une confusion (les fonctions mentales sont perturbées), des douleurs abdominales, des vomissements, des chutes ou une rétention d’urine. La fièvre et les symptômes urinaires (brûlures, pollakiurie, dysurie) ne sont pas toujours présents.
Quel traitement contre la pyélonéphrite ?
En cas de pyélonéphrite aiguë un traitement antibiotique s’impose.
Dès que l’examen cytobactériologique des urines (ECBU) est réalisé, il est possible de prescrire un traitement antibiotique à visée urinaire sans attendre les résultats afin de ne pas perdre de temps. Cependant le résultat de l’ECBU est primordial car il permet d’adapter le traitement : en effet les bactéries peuvent être résistantes à certains antibiotiques et le traitement est dans ce cas inefficace.
La durée du traitement est généralement de 10 à 14 jours mais il dépend de la gravité, du traitement mis en place, du germe et de ses résistances, du patient et des facteurs favorisants et facteurs de risques de complications.
Dans la plupart des cas, le traitement est réalisé à domicile, cependant il est nécessaire de réévaluer les symptômes avec son médecin au bout de 48 à 72 heures afin de vérifier l’efficacité du traitement et de l’adapter le cas échéant.
Devant une fièvre persistante 72 heures après le début du traitement, ou devant l’apparition de signes de gravité ou de complications, votre médecin pourra adapter le traitement, vous demander de réaliser d’autres examens, voire vous hospitaliser.
Lorsqu’une hospitalisation est nécessaire d’emblée (facteurs de risques, complications ou signes de gravité), soit à la suite d’une aggravation, le traitement sera généralement administré par voie injectable.
Combien de temps peut durer la pyélonéphrite ?
La pyélonéphrite aiguë évolue habituellement de façon favorable et la guérison sera effective à la fin du traitement antibiotique adapté au germe, pris à la dose prescrite et pendant toute la durée indiquée par le médecin (même si les symptômes ont disparu avant).
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