Surconsommation d'alcool, alcoolisme – de quoi s’agit-il ?
Conseil médical validé par:
Dr. Céline Guyomar
La France est au 8e rang des consommateurs d’alcool parmi les 34 pays de l’OCDE. L'alcool est la deuxième cause de mortalité évitable dans notre pays et 10% de la population française est confronté à des problèmes de surconsommation d'alcool. L’alcool est également responsable de plus de 200 maladies et autres conséquences néfastes… Ces chiffres accablants donnent le vertige à l’image de leur responsable qu’est l’alcool.
Généralités sur la consommation d’alcool
Il convient de distinguer l’alcoolisme et la dépendance qui lui est inhérente, de la surconsommation alcoolique avec ses différents stades. L'alcoolisme, encore appelé alcoolodépendance, est défini par une addiction à l’éthanol contenue dans les boissons alcoolisées. Cette dépendance se caractérise par une consommation compulsive qui persiste en dépit des conséquences négatives qu’elle engendre, et une envie irrépressible et urgente de consommer. La perte du contrôle de la consommation est totale.
La surconsommation d’alcool est une notion qui se définit par rapport aux repères de consommation d’alcool proposés par Santé Publique France qui sont d’au maximum 10 verres d’alcool par semaine sans dépasser 2 verres par jour, résumés ainsi : " l'alcool, c'est maximum 2 verres par jour, et pas tous les jours".
Si l’impact de l’alcoolisme sur la santé au sens stricte est bien connu, celui d’une surconsommation trop souvent estimée comme “modérée” est moins reconnu et pourtant : toute consommation supérieure à deux verres de boisson alcoolisée par jour doit être considérée à risque, même en l’absence de symptômes de dépendance. En effet, il est maintenant clairement établi qu’une faible surconsommation d’alcool suffit à augmenter le risque de cancer et d’hypertension artérielle par exemple.
Malgré une diminution depuis 50 ans, la surconsommation d’alcool reste un enjeu de santé publique majeur dans notre pays.
Alcool et conséquences
Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles diminuer sa consommation d'alcool. Rappelons que nul besoin d’être un alcoolique sévère pour subir les méfaits de l’alcool.
Maladies chroniques : maladies du foie (cirrhose) et du pancréas, troubles cardiovasculaires, hypertension artérielle, hémorragies cérébrales, maladies du système nerveux et troubles psychiques (anxiété, dépression, troubles du comportement), vieillissement prématuré du cerveau.
Certains cancers : bouche, gorge, œsophage, colon-rectum, sein chez la femme. L’alcool est classé comme molécule cancérogène avérée depuis 1988 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).
Retentissements sociaux, professionnels, judiciaires : perte d’emploi, divorce, condamnations, etc ;
Autres : accidents de la route (1 500 morts sur la route chaque année), violences familiales (25 % des faits de maltraitance infantile) et/ou conjugales (50% des violences conjugales subies par les femmes sont en rapport avec l’alcool), viols ou agressions sexuelles, faits de violence générale.
L’alcool chez les adolescents et jeunes adultes
Les jeunes sont une population particulièrement fragile face à l’alcool avec des conséquences plus graves à long terme mais également à court terme. En effet, plus les habitudes de consommation alcoolique s'installent tôt dans la vie, plus le risque de dépendance et de répercussions sur la santé à l’âge adulte est élevé.
Par ailleurs, les modes de consommation des jeunes peuvent avoir des conséquences immédiates dramatiques : la banalisation de l’alcoolisation festive massive dans un temps très court avec une recherche intentionnelle d’ivresse, comportement appelé “binge-drinking”, entraîne souvent accidents de la route, violences physiques, morales ou sexuelles, comas éthylique, traumatismes, voire décès.
Le syndrome d’alcoolisme maternofoetale
Pendant la grossesse, l’alcool traverse la barrière placentaire. Lorsqu’une femme enceinte boit de l’alcool, le foetus est donc également alcoolisé alors qu’il ne possède pas encore les capacités d’élimination de cet l’alcool.
Pour ces raisons, l’exposition prénatale à l’alcool a des effets dramatiques et permanents sur l’enfant à naître pouvant aller de troubles comportementaux mineurs à des anomalies sévères du développement, appelées syndrome d’alcoolisation fœtale (SAF). Le SAF associe une malformation du crâne et du visage, un retard de croissance, des troubles du comportement et un retard mental. En France, il concerne au moins 1% des naissances. L’absorption d’alcool est mauvaise quelque soit la période de la grossesse et il n’a jamais été établi de seuil en dessous duquel les risques sont nuls, d’où la recommandation "0 alcool pendant la grossesse".
Causes
Il existe plusieurs facteurs de risque de surconsommation et d’alcoolisme : ils sont d’ordre génétique, comportemental et environnemental. Au niveau génétique, nous ne sommes pas tous égaux face à l’alcool. Des études conduites sur des familles montrent une contribution notable des facteurs génétiques dans le risque de développer une dépendance sans qu’aucun gène spécifique de prédisposition à l’addiction n’ait pu être identifié à ce jour.
Une exposition à l’alcool à un stade précoce (in utero, dans l’enfance ou à l’adolescence) augmente le risque de devenir dépendant. Un début de la consommation dès l’âge de 11-12 ans multiplie par dix le risque de développer une dépendance par rapport à une initiation vers 18 ans. Les personnalités impulsives ayant une appétence pour les comportements à risques sont également plus susceptibles d’être touchées par une addiction. Il existe également une corrélation entre troubles psychiatriques et dépendance à l’alcool.
Un environnement social et familial ayant trait à l’alcool, la facilité d’accès aux boissons alcoolisées, la publicité, le caractère festif plébiscité culturellement dans notre société jouent un rôle significatif dans l’importance de la surconsommation alcoolique en France.
Traitement de la surconsommation d'alcool
La prise en charge des troubles liés à l’alcool est individualisée. Elle va du simple conseil pour réduire une surconsommation, à l’accompagnement multidisciplinaire (médecin, psychologue, assistante sociale…) et médicamenteux pour obtenir l’abstinence en cas de dépendance.
Elle débute toujours par une évaluation de la consommation et de son retentissement. Cette évaluation initiale peut être réalisée par le médecin traitant ou par un soignant (médecin ou un psychologue) spécialisé dans les addictions, appelé addictologue. En cas de consommation excessive sans dépendance et sans retentissement avéré sur la santé au moment de l’évaluation, conseils et soutien peuvent suffire à retrouver un seuil de consommation raisonnable.
Le recours à des médicaments dit anti craving, le “craving” étant une envie irrépressible de consommer une substance, peut cependant être nécessaire. En cas de dépendance et de répercussions sur la santé, la prise en charge comprend idéalement le sevrage de l’alcool, à domicile ou en hospitalisation si nécessaire, un suivi renforcé, et une aide médicamenteuse au maintien du sevrage.
Les thérapies cognitivo-comportementales et les entretiens motivationnels font partie des outils efficaces pour la prise en charge de l’alcoolisme. L’adhésion à des groupes de soutien “d’anciens buveurs” est recommandée pour l'expérience de partage et la motivation apportés.
Quand devez-vous consulter ?
Tout d’abord, ayez en tête ces repères de consommation d’alcool :
maximum 10 verres par semaine :
1 verre correspondant à la dose standard d'alcool servie dans les cafés et restaurants : 10 cl d’un verre de vin à 12°, 25 cl de bière (un demi) ou de cidre (une bolée) à 4,5°, 2,5 cl d’un alcool « fort ». Une bouteille de vin contient 6 à 7 “verres” d’alcool, une bouteille de 70 cl de whisky en contient environ 22, une bière en canettes (50 cl) à 8° équivaut environ à 3 verres ;maximum 2 verres par jour ;
au minimum 2 jours par semaine sans consommation.
Nous vous conseillons de consulter dès que votre consommation alcoolique présente un risque pour votre santé ou a un retentissement sur votre vie sociale, personnelle et/ou professionnelle. Il n’est pas toujours simple d’aborder le sujet mais gardez à l’esprit que les professionnels de santé sont là pour vous écouter, vous épauler et vous guider dans votre démarche.
Que peut faire Livi pour vous ?
Un médecin sur Livi peut vous écouter, évaluer votre consommation d’alcool, vous conseiller et vous orienter vers la prise en charge la plus adaptée. En cas de détresse psychologique et/ou de dépendance avérée, vous pouvez directement faire appel à un psychiatre ou un psychologue sur Livi.
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