Le sommeil est toujours composé de phases identiques peu importe l’âge. En revanche, c’est son organisation qui varie avec le temps.
Pourquoi l’enfant a-t-il besoin de sommeil ?
Dès l’apparition du système nerveux primitif, le besoin de sommeil devient essentiel. Le corps a besoin de dormir pour “récupérer” des efforts physiques, psychologiques et intellectuels. Lorsque l’organisme se met en mode “repos”, les connexions neuronales se réorganisent pour s’adapter à l’environnement. Le sommeil permet d’impulser plusieurs mécanismes physiologiques : sécrétions hormonales, régénération cellulaire (peau, muscles…), mémorisation, etc. L’objectif du sommeil est alors de préparer le corps à l’état éveillé lors de la journée suivante.
Le sommeil joue un rôle très important, d’autant plus chez l’enfant encore en plein développement, dans :
- Le maintien de la vigilance à l’état de veille (évite le risque de somnolence et de troubles de l’attention) ;
- Le maintien de la température corporelle stable pendant 24h ;
- La reconstitution des stocks énergétiques des cellules musculaires et nerveuses ;
- La production d’hormones et en particulier celle de l’hormone de la croissance et de la mélatonine (hormone du sommeil) ;
- La régulation de fonctions essentielles telles que la glycémie (un manque de sommeil peut entraîner une perturbation du métabolisme du sucre, favorisant le surpoids et la survenue de diabète ;
- La stimulation des défenses immunitaires ;
- Les mécanismes d’apprentissage et de mémorisation.
Le cycle du sommeil du bébé
Le quotidien d'un bébé est rythmé par des phases d’éveil et de repos, et cela dès le stade de fœtus. Progressivement, le sommeil s’organise et se régularise à partir du 8ème mois.
Chez le nouveau-né à terme, dormir est la principale activité ! La qualité du sommeil des deux premières années de vie est cruciale car elle détermine le sommeil à l’âge adulte.
Le nouveau-né de 0 à 2 mois
Un cycle de sommeil dure environ 50 min et ne se compose que de deux phases après l’endormissement : le sommeil agité et le sommeil calme. Pendant le sommeil agité (l’équivalent du sommeil paradoxal chez l’adulte), vous pouvez remarquer que votre enfant bouge, qu’il s’agite ou qu’il cligne des yeux. Pourtant, il est bien endormi mais l’activité de son cerveau est intense. Vient ensuite le sommeil calme, pendant lequel ses yeux sont bien fermés. C’est pendant cette phase que l’ hormone de croissance est sécrétée : votre bébé grandit !
La fréquence et l’organisation des phases de sommeil se structurent au cours des 4 à 6 premières semaines du nouveau-né pour se rapprocher progressivement de celles du sommeil de l’adulte. Toutefois, il existe quelques différences à prendre en compte :
Le nouveau-né dort environ 16 à 17h par jour, certains bébés peuvent même dormir jusqu’à 20h par jour à leur naissance ! Les cycles de sommeil sont très nombreux : 18 à 20 cycles par jour ; le nouveau-né ne fait pas encore la distinction entre le jour et la nuit.
Lorsqu’il ne dort pas, le nouveau-né “dépense” son énergie lors des moments de jeux et de relation parent-bébé. Les prises alimentaires à heures régulières, l’alternance lumière-obscurité ainsi que d'autres routines, structurent progressivement le sommeil pour l’adapter au rythme jour-nuit.
Le nourrisson de 2 à 6/9 mois
Dès 3 mois, le sommeil agité précédemment énoncé fait place au sommeil paradoxal rencontré chez l’adulte pendant lequel le bébé rêve. Le sommeil calme est remplacé par le sommeil lent comme chez l’adulte. Le cycle dure désormais 70 min grâce à l'arrivée du sommeil lent profond, pendant lequel le bébé dort profondément. Il peut ensuite enchaîner avec un autre cycle de sommeil (sommeil paradoxal, sommeil lent puis sommeil lent profond).
C’est environ vers le 4ème mois que l’enfant commence à faire des nuits complètes. Bien sûr, tous les enfants sont différents et de nombreux facteurs peuvent impacter leur sommeil : la sensibilité aux bruits, une routine de sommeil instable, trop de lumière, etc.
À partir de 6 mois, l’endormissement du bébé devient de plus en plus long comme chez l’enfant et l’adulte.
Le cycle du sommeil de l’enfant
À partir de 9 mois, le sommeil de l’enfant ressemble de plus en plus à celui de l’adulte avec la modification du sommeil paradoxal qui se place à la fin du cycle plutôt qu’au début chez le nouveau-né et le nourrisson. Le cycle de sommeil se décline alors en sommeil lent léger - sommeil lent profond - sommeil paradoxal.
Ensuite, les siestes disparaissent progressivement et la nuit se réorganise pour laisser une place importante au sommeil lent profond pendant la première partie de la nuit. La seconde partie présente des éveils brefs accompagnant chaque changement de cycle. On observe alors une stabilisation du sommeil paradoxal et une augmentation du sommeil lent.
Après 6 ans, la nuit est stable et les réveils sont brefs.
De combien d’heures de sommeil mon enfant a-t-il besoin ?
La fondation du sommeil a mis en place des recommandations concernant le nombre d’heures de sommeil nécessaires en fonction de l’ âge. Ces valeurs peuvent varier d’une personne à l’autre en tenant compte de l’état de santé général de votre enfant, de ses activités quotidiennes et de ses habitudes de sommeil.
Ces recommandations ont été établies grâce à une étude d’une durée de 9 mois dirigée par des professionnels de la santé de divers domaines. L’objectif était de démontrer les effets de la durée du sommeil sur différents éléments de la santé, comme les maladies cardiovasculaires, la dépression, les douleurs diverses et le diabète.
Les troubles du sommeil du bébé
Généralement, le bébé fait ses premières nuits complètes à partir de 4 mois. Mais il arrive que les enfants puissent avoir des troubles du sommeil, aux causes multiples, qui perturbent leur vie quotidienne et leur bon développement.
Un mauvais sommeil chez l’enfant peut entraîner des conséquences à court et moyen terme comme :
- Des troubles du caractère (TDAH, hypersensibilité, irritabilité...) ;
- Des somnolences au cours de la journée ;
- Des difficultés de concentration et d’apprentissage ;
- Des risques de développer un surpoids.
L’insomnie
Des phases d’insomnie chez l’enfant correspondent soit à des difficultés d'endormissement (au moins 30 min), soit à des réveils nocturnes.
Il arrive que le nourrisson associe l’endormissement aux bras de ses parents à cause des moments où il s’endort pendant les prises alimentaires. Lorsqu’il se retrouve seul dans son lit, il peut alors avoir des difficultés à s’endormir.
Si c’est le cas de votre enfant, il vous est conseillé de réhabituer petit à petit votre enfant à s'endormir seul en évitant de rester à ses côtés jusqu’à ce qu’il s’endorme ou en l’endormant dans votre lit. Cela lui permettra par la suite de se rendormir sereinement lorsqu’il se réveillera en pleine nuit.
En grandissant, l’enfant peut vouloir retarder l’heure du coucher en réclamant d’être sorti du lit, de lire une nouvelle histoire, de prétexter avoir faim... et il finit par pleurer lorsque ses parents ne répondent pas favorablement à ses demandes. On parle du syndrome de rappel pour décrire ce phénomène de coucher interminable. Plus votre enfant sera créatif, plus il trouvera des subterfuges pour garder l’attention de ses parents tout en repoussant l’heure de l’endormissement. Pour y remédier, il faut mettre en place une routine du sommeil qui vise à réduire la stimulation au profit de la détente. Ces gestes répétés sur plusieurs mois favorisent l’endormissement.
L’insomnie chez l’enfant peut aussi être due aux réveils nocturnes entre deux cycles de sommeil. Lorsqu’il est trop jeune pour se rendormir seul, l’enfant appelle ses parents à travers des pleurs afin d’être rassuré.
L’hypersomnie
L’hypersomnie est un phénomène rare, notamment chez les enfants et les adolescents, qui se caractérise par des épisodes de somnolence irrésistible au cours de la journée. Les enfants qui en souffrent ont un sommeil désorganisé et excessif.
Ces phases de sommeil inopinées entraînent inévitablement des difficultés de concentration, de l’irritabilité, des mauvaises conduites et un rapport à l’école difficile. Il existe plusieurs types d’hypersomnie, le plus souvent provoqués par la privation chronique de sommeil la nuit.
Les parasomnies
Les parasomnies sont des phénomènes physiques indésirables pouvant survenir pendant l’endormissement, au cours de la nuit ou lors de courts réveils. Elles se traduisent par du somnambulisme, des terreurs nocturnes, des cauchemars, etc.
L’insuffisance de sommeil, des horaires de sommeil irréguliers, la fièvre, la prise de certains médicaments (lithium, phénothiazines, certains antibiotiques), l’envie d’uriner secondaire à un excès de boisson le soir peuvent favoriser ces épisodes de parasomnies.
Même si ces phénomènes peuvent être gênants, lorsqu’ils sont ponctuels, ils n’ont pas d’impact direct sur la santé.. En revanche, si ces derniers sont trop fréquents et qu’ils altèrent la qualité de vie, une consultation avec un professionnel de santé sera nécessaire. En cas de terreur nocturne, n’essayez pas de réveiller votre enfant, évitez même de lui parler ou de le toucher. Laissez simplement l’état d’agitation passer en surveillant que votre enfant ne tombe pas du lit.
Les enfants peuvent-ils faire de l’apnée du sommeil ?
L’apnée du sommeil est un phénomène qui touche très peu d'enfants (2% des enfants entre 2 et 6 ans). La plupart du temps, elle est provoquée par des végétations ou des amygdales trop volumineuses. Elle peut également être due au surpoids. Votre enfant peut souffrir d'une apnée du sommeil s'il ronfle bruyamment, que son sommeil est perturbé (réveils fréquents) ou qu’il semble fatigué au cours de la journée malgré de bonnes nuits de sommeil.
L’importance d’une routine du sommeil pour bien dormir
Instaurer une routine du sommeil est essentielle dès le plus jeune âge pour favoriser l’endormissement et un sommeil de bonne qualité (ne soyez cependant pas trop stricte avant l’âge d’un an). D’autant plus qu’une bonne routine de sommeil aidera votre nourrisson à prendre plus rapidement le rythme jour-nuit qui n’est pas inné.
Cette routine de sommeil s'appuie sur des règles de base :
- Le lieu : au-delà de 6 mois, prenez l’habitude de faire dormir votre enfant dans son propre lit et dans un espace dédié au sommeil, un lieu qui lui appartient dans lequel il peut avoir des temps calmes. Sa chambre devient un espace calme propice à la détente plutôt qu’à la stimulation.
- La répétition des gestes : en répétant les mêmes comportements tous les soirs approximativement à la même heure, il sera plus facile de l’intégrer et d’éviter le syndrome de rappel énoncé précédemment. Dans cette routine, évitez toute stimulation excitante comme les jeux, les chatouilles, le sport, les écrans, etc. Proposez-lui de la lecture ou de la musique douce. Le rituel peut se dérouler de cette façon : repas en famille, jeux calmes, toilette quotidienne, partager un moment de lecture au calme et de tendresse.
N’attendez pas que votre enfant soit irritable ou endormi pour le coucher : il est important qu’il apprenne à s’endormir seul afin de se rendormir seul si jamais il se réveille au cours de la nuit.
Soyez à la fois ferme et souple, exercice qui n’est pas simple, mais un bon sommeil pour votre enfant bénéficiera à toute la famille. Au fur et à mesure que votre enfant grandit et qu’il s’adapte à cette routine de sommeil, il deviendra progressivement autonome au moment du coucher.