Une érection prolongée sans excitation sexuelle, qui ne disparaît pas après quelques minutes ou heures, peut sembler curieuse, voire embarrassante. Mais quand cette situation persiste de manière involontaire et douloureuse, elle devient inquiétante. Ce phénomène est une urgence thérapeutique et porte un nom : le priapisme.
Peu connu, souvent tabou, il mérite pourtant toute notre attention. Car s’il n’est pas pris au sérieux, il peut avoir des conséquences sur la santé sexuelle. Nos médecins généralistes vous disent tout sur le priapisme.
Qu’est-ce que le priapisme ?
Le priapisme est un phénomène qui se caractérise par une érection anormalement prolongée, qui survient sans stimulation sexuelle et ne disparaît pas spontanément. Cela peut durer plusieurs heures, parfois même plus d’une demi-journée. Et contrairement aux érections "classiques", celle-ci est généralement douloureuse, rigide, et ne s’accompagne d’aucun plaisir.
Le nom de cette condition vient du dieu grec Priape, symbole de la virilité, souvent représenté avec un sexe en érection permanente. Si l’image prête à sourire, le priapisme est tout sauf anodin. Il s’agit en réalité d’un trouble vasculaire du pénis, lié à un trouble de la circulation du sang dans les tissus érectiles. Le sang afflue, mais ne repart plus. Résultat : une érection "bloquée" qui peut devenir douloureuse, et qui, si elle n’est pas prise en charge rapidement, peut entraîner des séquelles durables sur la fonction érectile par ischémie des tissus du pénis.
Même si ce trouble reste rare, il concerne des hommes de tous âges — y compris des adolescents — et nécessite une réaction rapide dès qu’il dépasse une certaine durée (souvent au-delà de 3 ou 4 heures). Dans certains cas, il peut aussi être le symptôme sous-jacent d’une autre maladie ou d’un effet secondaire lié à un traitement.
Pourquoi cela arrive-t-il ?
Le priapisme peut survenir sans cause apparente immédiate, mais dans la plupart des cas, il existe des facteurs déclenchants. Ce trouble est lié à un déséquilibre dans la circulation sanguine du pénis, qui empêche le sang de s’évacuer normalement.
Parmi les causes les plus fréquentes :
- la prise de certains médicaments : certains traitements, notamment contre les troubles psychiatriques ou encore les troubles de l’érection (injections intra-caverneuses ou même médicaments par voie orale comme le Viagra), peuvent provoquer ce type de réaction ;
- des maladies du sang : la drépanocytose est l’une des causes les plus connues chez les jeunes hommes, mais des affections comme la leucémie ou des troubles de la coagulation peuvent aussi être impliqués ;
- la consommation de drogues : cocaïne, cannabis ou alcool en excès peuvent perturber le système vasculaire et entraîner un afflux de sang incontrôlé ;
- un choc ou un traumatisme au niveau du bassin ou du sexe par exemple, une chute à vélo, ou une activité sportive ;
- une tumeur : une masse au niveau du pénis, ou dans la région peut entraîner une compression des vaisseaux sanguins ;
- dans certains cas rien de tout ça : on parle alors de priapisme idiopathique, c’est-à-dire sans cause identifiée.
Il est important de ne pas minimiser un épisode de priapisme, même s’il ne survient qu’une seule fois et se résout spontanément. N’attendez pas pour consulter votre médecin traitant dès l’apparition des premiers symptômes, et si les symptômes durent plus de 4heures, une prise en charge en urgence est indispensable.
Quels sont les symptômes d’un priapisme ?
Tous les priapismes ne se manifestent pas de la même manière. Certains sont indolores, d’autres très douloureux. Parmi les symptômes courants nous pouvons retrouver :
- une érection rigide, dans de rares cas, partielle (le gland peut rester flasque) ;
- une sensation de pression ou de tension douloureuse ;
- une absence totale de désir ou d’excitation ;
- un inconfort croissant au fil des heures.
Quand l’érection persiste et devient désagréable, __il est conseillé d’agir rapidement__en consultant un professionnel de santé. Le délai est essentiel : plus l’érection dure, plus le risque de complications augmente.
Quels sont les risques d’un priapisme ?
Si vous faites face à des symptômes de priapisme, il n'est pas recommandé d'attendre. Lorsqu’un afflux de sang reste bloqué dans le pénis, il finit par comprimer les artères, compromettant ainsi l’apport en oxygène des tissus, ce qui peut les abîmer de manière irréversible.
Les risques principaux :
Une perte durable de la fonction érectile
L’une des complications les plus fréquentes du priapisme de plus de 4heures et non traité est la fibrose des corps caverneux, induisant une dysfonction érectile et la perte de longueur du pénis. Le manque d’oxygène altère les cellules musculaires et les parois vasculaires à l’intérieur du pénis, ce qui peut empêcher, à long terme, d’avoir une érection satisfaisante, voire même de provoquer une absence totale d’érection.
Des douleurs chroniques
Même après la fin de l’érection, les séquelles peuvent se faire sentir : douleurs au repos, gêne lors des rapports, sensibilité accrue ou au contraire diminuée. Le pénis peut aussi rester enflé ou présenter des zones dures au toucher.
Un risque de récidive
Un priapisme dont la cause n’a pas été traitée correctement augmente aussi le risque d’avoir de nouveaux épisodes. À force, ces répétitions peuvent endommager progressivement la fonction érectile, même si chaque épisode est de courte durée.
Que faire en attendant de voir un médecin ?
Lorsqu’une érection dure plus que prévu, sans excitation sexuelle, il peut être difficile de savoir s’il faut s’inquiéter — ou comment réagir. Si l’érection est encore récente (moins de 2 heures), certains gestes simples peuvent parfois aider à la faire redescendre naturellement. En revanche, si la durée approche ou dépasse 3 à 4 heures, il ne faut pas attendre davantage : une consultation médicale en urgence s’impose.
Voici ce qu’il est possible de faire dans l’immédiat pour tenter de soulager la situation, tout en restant attentif à l’évolution :
- Marcher ou faire un peu d’activité physique douce, pour activer la circulation sanguine, ce qui peut favoriser l’évacuation du sang accumulé dans le pénis ;
- Appliquer du froid (un pain de glace sur la zone par exemple, sans contact direct avec la peau). Le froid a un effet vasoconstricteur : il resserre les vaisseaux sanguins, ce qui peut aider à réduire le flux sanguin vers le pénis et à faciliter la détente ;
- Ne pas paniquer : l’anxiété peut aggraver la sensation d’inconfort.
Comment se passe la prise en charge médicale ?
Une fois à l’hôpital ou en consultation d’urgence, le médecin va chercher à :
- Confirmer qu’il s’agit bien d’un priapisme ;
- Identifier le type et la cause du priapisme pour débuter un traitement au plus vite et éviter les récidives.
Selon le cas, plusieurs traitements sont possibles :
- Une aspiration du sang accumulé dans le pénis (ponction avec une aiguille fine) ;
- Une injection de médicaments pour resserrer les vaisseaux sanguins ;
- En cas d’échec : une chirurgie légère, qui permet de créer une dérivation chirurgicale pour détourner l’excès du flux sanguin.
Ces interventions sont généralement rapides et bien tolérées. L’important est d’agir à temps.
Est-ce que le priapisme peut revenir ?
Dans certains cas, le priapisme peut être récurrent, surtout s’il est lié à une maladie chronique comme la drépanocytose. Il est alors essentiel d’en parler avec un médecin, qui pourra proposer un suivi spécialisé et parfois un traitement de fond pour limiter les risques de récidive.
Même si un priapisme nécessite une prise en charge aux urgences médicales, après un premier épisode isolé, il peut être utile d’en discuter en téléconsultation pour :
- vérifier qu’aucun traitement ne favorise le risque ;
- faire un bilan si nécessaire ;
- être rassuré sur la suite.
Si vous avez la moindre question concernant votre santé sexuelle ou si vous présentez des symptômes de priapisme et que votre médecin traitant n’est pas disponible, n’hésitez pas à solliciter un avis médical sur Livi. Nos médecins généralistes peuvent vous recevoir en téléconsultation 7j/7 avec ou sans rendez-vous.