L’instinct maternel, la dévotion entière à son enfant ou encore l’allaitement comme réflexe naturel sont des “vérités générales” profondément ancrées dans notre société. Mais, en réalité, ces injonctions, car il s’agit bien de cela, impactent profondément et durablement les parents et futurs parents.
Entre charge mentale, épuisement et anxiété, la course à la perfection pour être un bon parent selon les critères sociétaux est impossible à gagner. Elle peut donc avoir de graves conséquences pour la santé mentale des jeunes parents, parfois allant jusqu’au regret parental ou au burn out parental. Nos médecins généralistes et psychiatres déconstruisent ces idées et vous proposent une vision plus équilibrée et réaliste de la parentalité, où chaque parent peut trouver sa propre voie sans culpabilité ni jugement.
L’instinct maternel existe-t-il ?
L'idée même d'instinct maternel repose sur la croyance que toutes les femmes possèdent, dès la naissance, une capacité naturelle et intuitive à s'occuper de leurs enfants.
Cependant, de nombreuses études démontrent que cette notion est en grande partie un mythe. En réalité, le développement des compétences parentales est souvent le fruit de l’observation, de l'expérience, de l'apprentissage et du soutien social. De nombreuses mères éprouvent des doutes, des incertitudes et même des difficultés dans leur rôle maternel, surtout dans les premiers mois après la naissance de leur enfant. Ces sentiments sont normaux et ne reflètent en aucun cas un manque d'instinct, mais plutôt les défis réels de la parentalité. En insistant sur l'idée d'un instinct, la société impose une pression immense sur les femmes. Celles qui ne répondent pas immédiatement à ces attentes idéalisées peuvent alors se sentir inadaptées et en situation d’échec. Reconnaître que l'instinct maternel peut se développer avec le temps et l'expérience permettrait de soulager cette pression et d'encourager une approche plus réaliste et bienveillante de la parentalité.
La croyance en l'instinct maternel peut entraîner plusieurs risques pour les mères, et donc plus globalement pour les familles. Elle peut engendrer une pression excessive sur les nouvelles mamans, qui se sentent obligées de répondre à ces attentes irréalistes et pensent ne pas être à la hauteur du rôle maternel supposé inné. Culpabilité, honte, ou anxiété, ces sentiments peuvent mener à une dépression du post-partum.
Cette croyance peut également minimiser l'importance du soutien extérieur. En présumant que les mères doivent instinctivement savoir comment s'occuper de leur enfant, on néglige bien souvent le besoin fondamental d’apprentissage de ce rôle, de recours aux conseils et au soutien émotionnel de la part du conjoint, des proches ou des professionnels de santé. Cette croyance peut également renforcer des stéréotypes de genre rigides, en imposant l'idée que les femmes sont naturellement prédisposées à la parentalité, tandis que les hommes ne le sont pas. Cela peut décourager les pères de s'impliquer activement dans les soins et l'éducation des enfants, renforçant ainsi une répartition patriarcale et inégale des responsabilités parentales.
L’amour de son enfant au premier regard : mythe ou réalité ?
Vous avez déjà entendu qu’il est anormal de ne pas aimer son enfant au premier regard ? Cette croyance est elle aussi profondément ancrée dans notre culture, mais elle ne reflète pas la réalité de toutes les expériences parentales. Beaucoup de parents, et particulièrement les mères, ressentent une immense pression à devoir aimer immédiatement leur nouveau-né.
Cependant, il est parfaitement normal que l'attachement et l'amour se développent progressivement. Les premiers moments après la naissance peuvent être marqués par la fatigue, le stress ou la douleur, rendant difficile l'émergence immédiate d'émotions positives. La transition vers la parentalité est une période de bouleversements émotionnels et hormonaux significatifs. En insistant sur l'idée d'un amour instantané, la société impose une norme irréaliste qui peut exacerber le sentiment de culpabilité et d'inadéquation chez les parents.
Accepter que l'amour pour un enfant puisse croître avec le temps permet de réduire cette pression et de promouvoir une vision plus authentique et compatissante de la parentalité.
L’allaitement maternel est instinctif, facile et naturel pour toutes les mères
Au même titre que l’instinct maternel, l'allaitement maternel se devrait, selon les croyances populaires, d’être instinctif, facile et naturel pour toutes les jeunes mamans. En vérité, de nombreuses mères se heurtent à des défis considérables lorsqu'elles commencent à allaiter.
Les douleurs aux mamelons, les crevasses, les infections comme la mastite, les problèmes de positionnement du bébé ou les soucis liés à la production de lait sont des difficultés auxquelles les mères allaitantes font face au quotidien. Ces obstacles peuvent rendre l'allaitement éprouvant, voire décourageant pour de nombreuses femmes. La croyance en un allaitement naturellement facile crée une pression immense et peut conduire à un sentiment de culpabilité et d'échec chez les mères qui éprouvent des difficultés. Cette pression est exacerbée par les messages sociétaux et médicaux qui valorisent l'allaitement comme le seul choix optimal, négligeant souvent les réalités variées et les besoins individuels des familles. Les mères peuvent se sentir isolées, complexées et réticentes à demander de l'aide, pensant qu'elles devraient réussir seules. Cela peut augmenter le risque de dépression post-partum, d’une baisse de l’estime de soi et d'anxiété, affectant leur bien-être général et leur capacité à s'occuper de leur bébé. En plaçant l'allaitement sur un piédestal, on ignore les autres formes d'alimentation infantile qui peuvent être tout aussi nourrissantes et bénéfiques. Reconnaître que l'allaitement peut nécessiter du temps, de l'apprentissage et du soutien permettrait de créer un environnement plus sain pour toutes les mères, où elles peuvent faire des choix éclairés sans culpabilité ni jugement.
Un bon parent doit toujours mettre les besoins des enfants avant les siens
La croyance selon laquelle un “bon parent” doit toujours mettre les besoins de ses enfants avant les siens peut avoir des conséquences délétères sur la santé mentale et physique des parents. Bien que le souci du bien-être des enfants soit naturellement central dans le rôle parental, cette croyance impose une norme irréaliste et inatteignable.
Négliger ses propres besoins peut mener à l'épuisement, au stress chronique et à la dépression, des états qui affectent négativement la capacité d'un parent à s'occuper de ses enfants de manière efficace et aimante et qui mettent à mal l’équilibre familial. Les parents doivent pouvoir prendre soin d'eux-mêmes pour maintenir leur niveau d’énergie, leur patience, leur bonne humeur et leur santé émotionnelle. Ignorer ce principe peut conduire à de la frustration et du ressentiment, qui peuvent à leur tour nuire à la qualité de la relation parent-enfant. En sacrifiant systématiquement leurs propres besoins, les parents donnent à leurs enfants un exemple déséquilibré de ce que signifie prendre soin de soi et des autres, risquant de transmettre des modèles de comportement malsains. Il est important de promouvoir une vision équilibrée de la parentalité, où les besoins des parents sont reconnus comme importants et où le soin de soi est valorisé. En prenant soin de leurs propres besoins, les parents établissent un cercle vertueux de bien-être et d’équilibre familial.
Faire face à ces injonctions est loin d’être facile, surtout à l’ère des réseaux sociaux où de nombreux parents sont confrontés régulièrement à des images de familles semblant trouver leur rôle de parents de manière totalement naturelle. Si vous ressentez le besoin de vous faire accompagner, n’ayez pas peur de solliciter l’aide d’un professionnel de santé. Nos médecins généralistes, pédiatres, psychologues et psychiatres sont à votre écoute 7j/7 de 6h à minuit en téléconsultation sur Livi si vous avez besoin de vous confier sur votre situation personnelle.