La dopamine est un messager chimique qui transmet des informations entre les neurones. Quel est son rôle ? Que se passe-t-il si on en produit en excès, ou au contraire si l’on en manque ? Comment booster sa production ? Nos médecins vous expliquent tout sur cette “hormone du bonheur”.
Qu’est-ce que la dopamine ?
La dopamine est un neurotransmetteur, c'est-à-dire une molécule qui transmet des informations entre deux neurones. Elle est émise par un neurone dans une synapse (l’espace entre les neurones), avant de se lier à un récepteur sur le neurone d’en face pour transmettre le message chimique.
Après le passage de l’information au neurone suivant, 80% de la dopamine qui a été libérée va être récupérée par le neurone qui a émis le message, le reste étant transformé en catabolite (produit de dégradation de la dopamine), l’acide homovanillique (ou HVA).
Les neurones produisant la dopamine sont situés dans la partie médiane du cerveau nommé le mésencéphale à partir duquel ils irradient pour rejoindre les diverses zones cérébrales.
Quel rôle la dopamine joue-t-elle dans notre corps ?
La dopamine est impliquée dans de nombreuses fonctions, malgré qu’il n’existe que peu de récepteurs dédiés. Ainsi, elle joue un rôle dans le contrôle moteur, l’attention, le sommeil, la mémoire, la cognition, le plaisir et la motivation. Un niveau normal de dopamine est lié à une bonne humeur, favorise l’apprentissage, la productivité et la planification.
De ce fait, les régions cérébrales permettant la réalisation des mouvements, mais aussi agissant sur les fonctions intellectuelles et émotionnelles nécessitent la présence de dopamine dans leurs neurones.
Ce neurotransmetteur est également impliqué dans le “système de récompense”, un circuit du cerveau indispensable à la survie qui donne la motivation nécessaire à un individu pour réaliser une action ayant pour conséquence une sensation de plaisir, une récompense ou un évitement de la punition. Dans ce cadre, si une action positive procure un plaisir immédiat, il y une libération de dopamine. Celle-ci va pousser la personne à reproduire, dans le futur, l’acte qui l’a amené à ce dit plaisir. En agissant de la sorte, la dopamine permet de renforcer l’apprentissage de certaines conduites qui amènent au plaisir.
Par exemple, vous mangez du chocolat, et cela provoque un plaisir intense. Vous libérez de la dopamine, qui vous pousse à reproduire l’action qui vous a procuré tant de plaisir, à savoir manger à nouveau du chocolat.
Si ce système de la récompense peut être positif, c’est également celui qui est mis en cause dans les addictions. Le tabac, le cannabis, ou d’autres drogues provoquent une sensation de plaisir et libèrent davantage de dopamine dans les synapses. Le cerveau associe cet acte à un signal positif, et va chercher à répéter cette conduite.
Quelle différence entre dopamine et sérotonine ?
Tout comme la dopamine, la sérotonine fait partie des hormones du bonheur (avec les endorphines, et l’ocytocine), et agit sur l’humeur, le sommeil, le désir sexuel, la mémoire et l’apprentissage.
Mais ces deux hormones sont pourtant bien différentes. En effet, il existe un équilibre à préserver entre les deux. Lorsque la dopamine augmente, la sérotonine diminue et inversement.
La dopamine est l’hormone du plaisir immédiat, en réponse à une stimulation à un instant T. La sérotonine, elle, est une hormone du bonheur, stabilisatrice de l’humeur dans le temps.
La sérotonine est d’ailleurs très utilisée dans le traitement de la dépression, via les antidépresseurs sérotoninergiques.
Quels sont les risques d’un manque de dopamine ?
Le stress, l’environnement, la prédisposition génétique, ou un mauvais équilibre dopamine/sérotonine, une personne peut souffrir d’un déficit de dopamine. Or, si le taux de ce neurotransmetteur est trop faible, les fonctions dans lesquelles il est impliqué peuvent être affectées, ce qui peut avoir pour conséquence :
- une baisse de la vigilance et concentration ;
- un manque de motivation ;
- une mémoire en baisse ;
- une fatigue importante.
Des taux faibles de dopamine et de son catabolite, le HVA, ont été associés à des dépressions de type mélancolique, avec une baisse de l’initiative et de l’activité motrice.
Une baisse de la dopamine peut aussi être expliquée par une neurodégénérescence des cellules qui la libèrent, c'est-à-dire une destruction progressive des neurones, au-delà du vieillissement naturel. D’ailleurs, une destruction des neurones de la substance noire qui libèrent de la dopamine entraîne l’apparition de la maladie de Parkinson. En effet, ces neurones contrôlent les mouvements du corps. Cela a pour conséquence des tremblements, caractéristiques de la maladie, mais aussi une lenteur des mouvements, et une raideur des muscles.
En cas de maladie de Parkinson, des médicaments qui permettent la synthèse de la dopamine sont prescrits afin de limiter ces symptômes. Ils sont généralement composés de lévodopa (ou L-Dopa), un précurseur du neurotransmetteur. D’autres médicaments peuvent être envisagés. Ils bloquent des molécules (monoamine-oxydase de type B ou de la C-O-méthyltransférase) en partie responsables de la dégradation de la dopamine. Le neurotransmetteur agit donc plus longtemps.
Peut-on avoir trop de dopamine ?
Il est également possible d’avoir un excès de dopamine dans le cerveau. Cet excès peut provoquer une agressivité chez la personne touchée.
Une hypothèse indique que ce dysfonctionnement du système dopaminergique du cerveau pourrait être associé à la schizophrénie.
Un excès de dopamine dans certaines zones du cerveau entraîne des symptômes associés à la schizophrénie, comme l'agressivité. Dans ce cas, les médicaments employés empêchent la dopamine de se fixer à ses récepteurs et réduisent les symptômes, tels que des hallucinations.
Comment faire le plein de dopamine ?
Il est possible de mettre en place une routine pour booster de façon naturelle ses niveaux de dopamine dans le corps.
Les aliments
La dopamine est synthétisée à partir de la tyrosine et de la phénylalanine, deux acides aminés. Pour permettre une bonne synthèse de la dopamine, il est donc important d’avoir une alimentation riche en ces molécules.
Pour faire le plein de tyrosine et phénylalanine, il peut être intéressant d’intégrer de la viande, du poisson, des produits laitiers, du soja, des œufs, de la banane, du sésame, ou des noix à votre alimentation.
La synthèse de la dopamine réclame également de nombreux micronutriments comme le cuivre, le manganèse, le magnésium, le zinc, et des vitamines B3, B6, et B9. Une alimentation variée et équilibrée suffit généralement pour faire le plein de micronutriments.
Les compléments alimentaires
Des compléments alimentaires existent sur le marché et sont généralement des complexes d’actifs comme la tyrosine, la phénylalanine auxquels on ajoute des extraits de plantes qui favorisent l’apprentissage et la concentration.
Le sport
Parmi les activités qui poussent le corps à synthétiser de la dopamine, le sport en est champion. En effet, l’activité physique active la zone de récompense, ce qui libère de la dopamine et procure une sensation de bien-être en fin de séance. Lorsque vous repoussez vos limites dans votre activité, cette libération est accrue.
La méditation
La méditation permettrait de réduire le cortisol qui intervient dans les voies du stress, ainsi que de réduire l’activité cérébrale parasite. Elle augmenterait la concentration et l’apprentissage, favorisant ainsi la synthèse de la dopamine.