Qu’est-ce que le bore-out ?
L'ennui au travail toucherait en Europe un salarié sur trois. À long terme, ce sentiment d’ennui et le manque d’activité et/ou de satisfaction personnelle au travail peuvent engendrer un sentiment de honte, de perte d’estime de soi, voire une dépression. Le bore-out, un terme venant de l’anglais “bored out”, “s’ennuyer”, est un phénomène touchant environ 6% des salariés en France. Souvent vécu comme un tabou, il peut être source d’une grande souffrance.
La perte de sens au travail peut aussi être en cause : on parle alors de brown-out. Proche du bore-out, le brown-out décrit une baisse de l’engagement professionnel résultant d’une perte de sens au travail, d’un manque de compréhension de la valeur de la mission et d’une absence de mise en perspective des tâches. Les personnes en brown-out travaillent alors sans réellement se préoccuper de la qualité de ce qu’elles produisent et démissionnent mentalement de leur poste.
Le bore-out est-il l’inverse du burn-out ?
Le bore-out peut être parfois considéré comme le contraire du burn-out : il se manifeste suite à un ennui professionnel, alors que le burn-out est à l’inverse le résultat d’une surcharge de travail. Ces deux syndromes ont cependant trois points communs majeurs : la souffrance avérée, l’attribution au monde du travail, et le fait que l’on puisse passer de l’un à l’autre. En effet, quelqu’un souffrant de burn-out à qui l’on conseille d’en faire moins pourra ne pas s’habituer à une charge de travail moindre, et passer du burn-out au bore-out.
Quelles sont les causes du bore-out ?
Le bore-out peut être causé par une charge de travail incomplète ou insuffisante, mais aussi par un manque de sens ou d’intérêt pour les sujets professionnels qui sont attribués au salarié, et ce malgré une charge de travail adaptée.
Le développement de ce syndrome peut en partie s’expliquer par le modèle économique de notre société. En effet, les entreprises, par nécessité d’adaptation, n’hésitent pas à confier des missions à leurs salariés qui sortent de leur champ de compétence, de leur intérêt et plus globalement de leur profil. La parcellisation des tâches, qui consiste en la division du travail en tâches de plus en plus élémentaires, amènerait également à des situations de bore-out.
On constate de plus que l’ennui au travail a eu tendance à s’accentuer ces dernières années : les gens ont davantage d’attentes par rapport à leur travail et vis-à-vis de leur entreprise car ils y passent plus de temps, alors que les outils pour réguler l’insatisfaction au travail sont quant à eux plus limités : changer d’entreprise ou de poste via une formation ou l’obtention d’une promotion, autrefois source d’espoir et de dépassement de soi, est aujourd’hui de plus en plus difficile ou considéré comme risqué face au contexte économique incertain.
Quels sont les symptômes du bore-out ?
Le bore-out se manifeste avant tout par l’impression diffuse que quelque chose ne fonctionne plus au travail. Ce sentiment s'installe dans la durée et engendre une dégradation de la santé physique et de la santé mentale. Selon l’INRS, les accidents cardiovasculaires sont 2,5 fois plus élevés chez les salariés en proie au bore-out.
Les principaux signes de dysfonctions physiques et psychiques qui caractérisent le bore-out sont :
- la fatigue ;
- les troubles du sommeil ;
- la perte d’appétit ;
- les douleurs diverses.
Ces symptômes peuvent s’aggraver de façon progressive jusqu’à ce que la personne qui en souffre n’arrive plus à aller travailler. Le bore-out peut également s’accompagner d’un sentiment de culpabilité : s’ennuyer à son travail alors que l’on a parfois lutté pour l’obtenir, et que d’autres personnes sont en recherche d’emploi, peut provoquer un sentiment de honte et dissuader les personnes qui en souffrent d’en parler à leur entourage ou à un professionnel de santé.
Que faire si le travail nous ennuie ?
Il est souvent difficile d’être proactif et de réagir dans une situation de bore-out. Les solutions ne doivent pas seulement émaner de la personne atteinte, mais de toutes les parties prenantes : supérieur hiérarchique, collaborateurs, ressources humaines, etc.
Il est possible de prévenir le bore-out grâce à des méthodes simples :
- retrouver sa motivation : par exemple en trouvant des projets valorisants, en proposant de nouvelles façons de travailler et en se fixant des objectifs concrets à atteindre ;
- relancer la communication : échanger avec son équipe et son manager de manière transparente peut permettre d’identifier l’origine de l’ennui et d’y remédier ; vous pouvez également solliciter un entretien avec les ressources humaines si cela vous est plus facile ;
- témoigner de la reconnaissance : les retours négatifs sont souvent plus nombreux que les positifs. Mais un mot d’encouragement, la mise en valeur du travail lors de réunions ou encore une marque d’attention de la part du management peut avoir des effets très positifs sur une personne en bore-out.
Si vous ressentez de l’ennui au quotidien dans votre travail, la première chose à faire est d’en parler autour de vous : votre famille, votre conjoint et vos amis peuvent vous aider à voir plus clair sur cette situation qui vous fait souffrir. Si vos symptômes impactent trop votre vie quotidienne, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé mentale : sur Livi, des psychiatres sont à votre écoute. Ils sont spécialement formés pour prendre en charge les risques psychosociaux en téléconsultation et peuvent vous apporter une aide immédiate et concrète.