L’angoisse de séparation est l’un des troubles anxieux les plus courants chez l’enfant. Bon nombre d’enfants éprouvent une angoisse de séparation lorsqu’ils disent au revoir à leurs parents ou à des parents proches, car ils n’ont pas encore bien compris que la séparation n’est que temporaire. Cette peur de l’abandon est souvent transitoire, mais si l’anxiété qu’elle génère atteint un degré tel qu’elle affecte la vie quotidienne de votre enfant, on parle d’angoisse de séparation, un trouble qui touche près de 5 % des enfants dans le monde, mais qui est heureusement transitoire dans la grande majorité des cas.
Quelles sont les causes de l’angoisse de séparation ?
L’angoisse de séparation est très commune. Certains pédiatres la considèrent même comme une étape normale du développement des enfants. Plus il grandit, plus l’enfant commence à comprendre que ses parents et lui sont des personnes distinctes. Il sait reconnaître les personnes de son entourage proche, comme ses parents, ses frères et sœurs et ses grands-parents, ou encore les personnes qu’il voit régulièrement au quotidien comme sa nounou ou le personnel de la garderie ou de la crèche où il passe du temps. Mais il comprend également qu’il existe des personnes qu’il ne connaît pas. C’est pourquoi votre bébé pouvait sourir avant à tous les étrangers et, qu’à présent, il a l’air plus timide en présence d’inconnus.
Il arrive cependant que certains événements traumatiques de l’enfance ou des facteurs génétiques puissent contribuer à l’angoisse de séparation. Certains enfants peuvent éprouver un niveau d’anxiété plus élevé à un âge précoce, ce qui peut déclencher l’instinct protecteur d’un parent. C’est une réaction naturelle et très compréhensible, mais si les parents ont un comportement trop protecteur, cela peut priver leur enfant de la possibilité d’appréhender et de surmonter l’anxiété de séparation.
À quel âge est-elle la plus susceptible d’apparaître ?
Pendant longtemps, l’angoisse de séparation a été considérée comme une condition n’affectant que les enfants, mais cette perception a changé ces dernières années. Il ressort de diverses recherches que les personnes de tous âges peuvent développer une angoisse de séparation, mais cela reste plus fréquent durant l’enfance, principalement chez les enfants de 6 mois à 3 ans, période qui correspond à la découverte de soi et des autres chez le bébé.
La pandémie aurait-elle pu déclencher une angoisse de séparation ?
Pour les enfants sujets à l’angoisse de séparation qui ont exceptionnellement passé énormément de temps avec leurs parents pendant la pandémie, le retour à la normale peut s’avérer difficile. La pression des confinements et d’autres restrictions liées à la pandémie peuvent également avoir exacerbé d’autres déclencheurs d’angoisse de séparation, notamment des conflits à la maison ou des relations familiales perturbées.
Quels sont les symptômes de l’angoisse de séparation ?
Il n’est donc pas surprenant que la plupart des jeunes enfants éprouvent une certaine anxiété en disant au revoir à leurs parents : c’est une réaction normale au cours des premières années de la vie et la plupart des enfants arrivent très bien à la dépasser. Toutefois, quand l’anxiété empêche un enfant de faire des choses que les autres enfants sont capables de faire ou si cela lui prend beaucoup de temps et d’énergie, il convient d’envisager de prendre des mesures.
Vous pouvez faire attention aux signes et symptômes suivants chez votre enfant :
- Anxiété ou crises d'angoisse en disant au revoir, notamment en le déposant à la crèche ou à l’école ;
- Inquiétude quant à ce qui pourrait arriver à ses parents et peur qu’ils ne reviennent pas ;
- Crainte d’être abandonné ou oublié quelque part ;
- Réveils fréquents pendant la nuit et forte envie de dormir dans la chambre de ses parents ;
- Efforts constants pour contrôler où se trouvent ses parents ;
- Peur d’être seul à la maison ou dans une pièce ;
- Peur de passer la nuit loin de chez lui.
Parfois, des cauchemars récurrents sur la séparation peuvent également être un symptôme d’angoisse de séparation. Si le sommeil de votre enfant est perturbé, voici quelques conseils pour aider votre enfant à mieux dormir.
Comment puis-je aider mon enfant à surmonter l’angoisse de séparation ?
Habituez-le à passer des moments seul
La façon la plus efficace de lutter contre l’angoisse de séparation est d’habituer votre enfant à passer régulièrement des moments seul. Vous pouvez commencer à l’habituer à un certain degré de solitude dès le plus jeune âge, et augmenter progressivement la fréquence et la durée de ces moments. Cela peut commencer par exemple par un simple jeu : cacher votre visage derrière une couverture, puis lui montrer en lui disant “coucou” peut aider votre enfant à comprendre que vous existez toujours, même s’il ne vous voit pas. Si votre enfant a peur de rester seul dans une pièce lorsque vous vous éloignez, n’hésitez pas à l’installer entouré de ses jouets, et ne partez pas quand il est absorbé par son jeu, mais tenez-le plutôt au courant de vos allers et venues.
Veillez à ne pas surprotéger votre enfant
Les parents d’enfants souffrant d’angoisse de séparation peuvent parfois sous-estimer les capacités de leur enfant et avoir tendance à le surprotéger. Essayez par exemple de déposer votre enfant à la fête d’anniversaire d’un petit camarade et de ne pas y rester mais plutôt de revenir le chercher à la fin. Cela apprendra non seulement à votre enfant à créer des liens avec d’autres enfants sans vous, mais également à repousser ses limites.
Voyez si vos habitudes et routines aident ou aggravent les choses
La mise en place d'habitudes régulières et de routines a souvent un impact très positif, car la stabilité est bénéfique au développement des enfants. Toutefois, pour certains enfants ayant un besoin excessif de prévisibilité, il peut être bon de changer de routine et de leur expliquer qu’il faut s’adapter à certaines situations plutôt que de vouloir à tout prix appliquer une habitude. Cela peut aussi les préparer au fait que la vie n’est jamais tout à fait prévisible.
Évitez de prolonger les moments de départ et soyez souriant et positif
Un des moments particulièrement difficiles tant pour l’enfant que le parent est la séparation à la crèche ou à l’école. Essayez par exemple d’attendre une bonne occasion avant de quitter votre enfant, par exemple quand un animateur ou instituteur est clairement prêt à intervenir ou quand votre enfant a commencé à jouer. Si votre enfant pleure, rassurez-le en lui assurant que vous allez revenir le chercher, et partez sans prolonger ce moment : plus vous restez longtemps sur place, plus votre enfant aura du mal à comprendre la raison de votre départ. Si vous souhaitez passer un peu de temps à la crèche ou à la garderie, privilégiez plutôt le moment où vous revenez le chercher : s’il est en âge de le faire, votre enfant pourra de plus vous raconter sa journée.
Informez les équipes pédagogiques
N’hésitez pas à dialoguer avec les enseignants et les personnes qui s’occupent au quotidien de votre enfant. cela vous permettra non seulement de vous préparer à la séparation, et de soutenir votre enfant dans ce nouveau processus. Si vous avez besoin de vous rassurer, vous pouvez appeler l’école ou la crèche après un certain temps pour vérifier comment les choses se sont passées après votre départ.
S’organiser en cas de garde partagée
Dans le cas de parents séparés, il est primordial d’aider votre enfant à conserver une certaine stabilité durant la période de l’angoisse de séparation. Essayez de vous mettre d’accord pour maintenir la même routine (heure des repas, du bain, du coucher) chez les deux parents, afin de sécuriser votre enfant. Si vous le confiez à une crèche ou une garderie, il est préférable d’avoir les mêmes heures d’arrivée et de départ, afin d’établir un cadre. Enfin, certains objets peuvent avoir une forte présence rassurante pour votre enfant : veillez à ce que votre enfant ait un doudou ou son jouet préféré avec lui aux deux endroits. Vous pouvez également essayer de lui donner un vêtement imprégné de votre odeur lorsqu’il part chez l’autre parent, ou laisser une photographie de l’autre parent dans sa chambre.
Acceptez que les progrès prennent du temps
Ces changements sont conséquents dans la vie d’un enfant, procédez donc de façon progressive. Il faut prendre en compte la sensibilité de l’enfant, ses capacités d’apprentissage, mais aussi essayer d’être en accord avec lui. Si un enfant est forcé à être seul ou laissé seul sans avertissement, cela peut au contraire aggraver ses problèmes d’anxiété.
Ajoutez de l’amusement et veillez à une approche ludique
Chaque étape vers plus d’indépendance peut et doit être célébrée : n’hésitez pas à féliciter ou câliner votre enfant lorsqu’il reste seul ou qu’il ne pleure pas lorsque vous devez vous en aller. Il est tout à fait naturel que l’enfant prenne du temps à s’adapter à la présence d’une personne qu’il ne connaît, ou qu’il n’ait pas envie d’être porté par des étrangers. Ne le forcez pas, rassurez-le en souriant et en témoignant de la confiance à la nouvelle personne, que ce soit un de vos amis, une baby-sitter, ou un membre de la famille qu’il ne connaît pas encore. Si votre enfant constate que l'environnement est bienveillant et rassurant, ses angoisses disparaîtront peu à peu.
Quand demander l’aide d’un professionnel ?
L’angoisse de séparation peut parfois générer des troubles anxieux. Si elle n’est pas traitée, elle peut donner lieu à diverses difficultés mentales et physiques. Il est donc important d’obtenir l’aide dont votre enfant a besoin.
Si votre enfant est anxieux ou triste pendant de longs moments à la crèche ou à l’école, ou s’il ne peut pas jouer avec ses amis ou participer à des activités avec les autres enfants, il peut être utile de recourir à l’aide professionnelle d’un médecin pédopsychiatre ou d’un psychologue.