Quelle est la différence entre andropause et ménopause ?
Les termes de “ménopause masculine” ou andropause, que l’on retrouve principalement dans les médias, décrivent la baisse de la testostérone liée au vieillissement naturel et les symptômes qui y sont associés, notamment une baisse d’énergie, une perte de concentration, un gain de poids et un dysfonctionnement érectile.
Ces termes sont en réalité abusifs, car le phénomène de déficit androgénique chez l'homme est très différent de la ménopause chez la femme : ce changement est progressif et il n'implique pas la fin des capacités de reproduction par un arrêt complet de la production d'hormones sexuelles, contrairement à la ménopause, qui marque la fin de la fertilité chez les femmes. On devrait donc plutôt parler de Déficit Androgénique Lié à l’âge (ou DALA), les androgènes étant les hormones sexuelles masculines dont la principale représentante est la testostérone.
Qu’est-ce que la testostérone et que lui arrive-t-il à l’andropause ?
La testostérone est une hormone sexuelle sécrétée par les gonades (organes sexuels). Elle est présente chez l’homme, et chez la femme en moindre quantité, d’où son appelation “d’hormone sexuelle masculine”. Elle joue un rôle important dans le bien-être émotionnel et physique. Chez l’homme, elle est principalement produite dans les testicules. Elle régule la libido, la masse osseuse, la répartition des graisses, la masse et la force musculaires, ainsi que la production de globules rouges et de spermatozoïdes.
Les hommes commencent à produire de la testostérone pendant la puberté, avec un point culminant vers l’âge de 20 ans. À partir de l’âge de 30 ans, le taux de testostérone dans le sang diminue naturellement d’environ 1 % à 2 % par an. Ce déclin survient plus progressivement que la ménopause chez la femme et il n’est le plus souvent pas ou peu symptomatique. Cependant, chez certains hommes, il est responsable d’une véritable altération de la qualité de vie.
À quel âge peut se produire l'andropause ?
Bien que la baisse de sécrétion de testostérone, aussi appelée hypogonadisme, puisse survenir à tout âge, elle augmente naturellement avec le vieillissement et concernerait 10–20 % des hommes après 50 ans, et jusqu’à 50 % après 70 ans. Heureusement, une vaste étude européenne a révélé que ce déficit n’est symptomatique que chez 2 % environ des hommes âgés de 40 à 79 ans et 5 % environ des hommes âgés de 70 à 79 ans.
Quels sont les principaux symptômes de l’andropause ?
Les symptômes de l’andropause sont causés par un déficit en testostérone survenant lorsque les testicules commencent à produire moins d’hormones. Les hommes affectés par l’andropause peuvent souffrir :
- d'ostéoporose;
- d’une diminution de la force et de la masse musculaire ;
- d’une diminution de la pilosité ;
- de bouffées de chaleur et sueurs nocturnes ;
- d’une baisse de la libido ;
- de troubles érectiles ;
- d’infertilité ;
- d’une baisse de l’estime de soi ;
- de troubles de l’humeur (colère, dépression, irritabilité, tristesse, etc.) ;
- de fatigue ;
- de troubles de la concentration et de la mémoire ;
- d’une augmentation de la graisse corporelle ;
- de troubles du sommeil.
Peut-on confondre Déficit Androgénique et crise du milieu de vie ?
Entrer dans l’âge mûr peut comprendre des changements de vie : altérations de notre état de santé, perte d’êtres chers, problèmes professionnels, insécurité financière... Se rendre compte qu’on est à mi-chemin de sa vie peut entraîner une crise existentielle qui peut mimer les symptômes de l’andropause, comme la perte de confiance en soi, une baisse d'énergie, des sautes d’humeur, une baisse de la motivation, un manque d’estime de soi et une libido altérée. À ces préoccupations psychologiques peuvent s'ajouter une mauvaise hygiène de vie favorisant la crise de milieu de vie :
- une mauvaise alimentation ;
- un manque d’exercice ;
- un manque de sommeil ;
- une surconsommation d’alcool.
Pour bien identifier la cause de ces symptômes, il faut donc consulter un médecin et se soumettre à des analyses.
Quelles sont les causes d’un déficit en testostérone ?
L’hypogonadisme est principalement causé par le vieillissement naturel de nos organes. Il existe cependant d’autres facteurs pouvant avoir une incidence sur la production de testostérone, comme les lésions aux testicules, le surpoids, la consommation abusive d’alcool, un mode de vie sédentaire, certaines affections médicales comme un cancer, le VIH, un lupus, les oreillons et la défaillance d’un organe, ainsi que la consommation de certains médicaments.
Les risques d’hypogonadisme sont également plus élevés chez les hommes souffrant d’hypertension artérielle, de diabète, de maladie de la prostate, d’asthme et de maladie pulmonaire obstructive chronique.
Comment un déficit en testostérone est-il diagnostiqué et traité ?
Si un déficit en testostérone est suspecté suite à un interrogatoire et un examen clinique complets, le diagnostic sera confirmé par le dosage sanguin du taux de testostérone, qui doit être réalisé entre 8 et 10h du matin.
Le diagnostic de Déficit Androgénique Lié à l’ âge est éliminé si le taux de testostérone biodisponible est supérieur à 0,8 ng/mL et si le taux de testostérone totale est supérieur à 3,5 ng/mL (12 nmol/L).
Dans le cas contraire, il faut poursuivre les investigations et faire d’autres bilans hormonaux : on peut contrôler le taux de SHBG (Sex hormone-binding globulin), de FSH (hormone folliculo-stimulante qui agit sur le fonctionnement des gonades) et de LH (hormone lutéinisante qui stimule la production de testostérone). Un bilan thyroïdien peut être utile afin d’écarter un diagnostic d’hypothyroïdie, dont certains symptômes sont similaires à ceux de l’andropause.
Si votre taux de testostérone se révèle faible, un traitement de substitution de la testostérone peut vous être proposé : ce traitement consiste en l’administration de testostérone naturelle jusqu’à obtention d’une concentration sanguine aussi proche que possible de la sécrétion physiologique normale.
Les voies d’administration de la testostérone sont multiples (gels, implants, comprimés, patches ou injections) :
- par voie cutanée : gel hydroalcoolique de testostérone (non remboursé) ;
- par voie orale : undécanoate de testostérone ;
- par voie intramusculaire : énanthate de testostérone.
Le traitement appliqué doit faire l’objet d’une surveillance régulière pour évaluer son efficacité en insistant notamment sur certains paramètres comme le sentiment général de bien-être, l’humeur et l’activité sexuelle, ainsi que sur la recherche d’effets secondaires éventuels.
Pour certains hommes, le traitement hormonal de substitution peut réduire les symptômes et pour d'autres, les bénéfices ne sont pas certains et des risques peuvent exister. Les risques possibles peuvent inclure l'apnée du sommeil ; la stimulation de la croissance du cancer de la prostate ; l'augmentation du risque de crise cardiaque et d'accident vasculaire cérébral et la contribution à la formation de caillots sanguins dans les veines.
Avant de prendre la décision de recourir à un traitement de substitution, il convient d'en peser les effets négatifs et positifs avec votre médecin.
Que puis-je faire pour lutter contre l’andropause ?
Certains choix de mode de vie peuvent accélérer le déclin de la testostérone. Voici quelques recommandations pour aider à préserver naturellement votre taux de testostérone et diminuer les symptômes de l’andropause :
Maintenir un poids sain
Une augmentation de l’indice de masse corporelle (IMC) peut avoir un impact négatif direct sur le taux de testostérone. Une étude a révélé que le surpoids est le facteur de risque le plus important de déficit en testostérone chez l’homme.
Réduire la consommation d’alcool
Une consommation excessive d’alcool affecte la production hormonale masculine au niveau des testicules mais également au niveau central. En effet, l’alcool réduit le taux d’hormone lutéinisante (LH) dans le sang, l’une des principales hormones qui contrôlent le système reproducteur. Produite dans l’hypophyse, la LH stimule la production de testostérone.
Rester actif
La pratique régulière d’exercices physiques présente beaucoup d’avantages pour la santé, de l’amélioration de la force musculaire à la réduction du risque de maladie. Une étude a révélé que les entraînements contre résistance peuvent également augmenter le taux de testostérone.
Donner la priorité au sommeil
Le sommeil est essentiel pour que le corps fonctionne correctement. En plus de réduire le risque de maladies cardiovasculaires et de dépression, le sommeil peut également aider à maintenir le taux de testostérone. La recherche a montré que dormir moins de 6h par nuit peut à long terme faire chuter le taux de testostérone jusqu’à 15 %.
Lutter contre la dépression
Il n'est pas rare que l'homme présente certains symptômes dépressifs à l'arrivée de l'andropause. En cas de signes de dépression, n'hésitez pas à consulter un médecin ou un psychiatre capable de vous orienter vers une prise en charge adaptée. Si vous souffrez de dépression, une thérapie comportementale ou des antidépresseurs peuvent vous permettre de lutter contre ce symptôme.
Quand faut-il en parler à un médecin ?
Si vous avez 40 ans et plus et que vous ressentez les symptômes décrits ci-dessus, il est important d’en parler à votre médecin traitant ou à un andrologue. Il pourra déterminer si cela relève d’un problème de déficit androgénique lié à l’âge ou d’une autre pathologie.
Il pourra également vous poser certaines questions du questionnaire de dépistage du déficit androgénique lié au vieillissement masculin (ADAM). Les questions sont les suivantes :
- Avez-vous constaté une diminution de votre libido ?
- Éprouvez-vous une baisse d’énergie ?
- Sentez-vous une diminution de votre force musculaire et/ou de votre endurance à l’effort ?
- Votre taille a-t-elle diminué ?
- Avez-vous remarqué une diminution de votre joie de vivre ?
- Vous sentez-vous triste et/ou maussade ?
- Vos érections sont-elles moins fortes ?
- Avez-vous remarqué une altération récente de vos capacités de façon générale ?
- Vous endormez-vous après le repas du soir ?
- Avez-vous remarqué une diminution récente de votre capacité de travail ?
Vos symptômes vous inquiètent ? Prenez rendez-vous avec un médecin pour en parler.